Francesca Bossert

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ORINOCO FLOW - VERSION FRANCAISE

Artwork, Olivia Bossert


 

Un groupe de trois femmes se tordait de rire, se moquant d’une connaissance, la qualifiant d’Enya de la poésie.

 

“Mais ce qu’elle pond est d’une niaiserie !”condescendit la blonde.

 

“J’espère qu’elle aura au moins l’intelligence d’appeler son livre La Poésie pour les Nuls,” ricana la rousse.

 

La brune secoua son splendide brushing. Comme elles étaient drôles !

 

Un medley a cappella suivit, une sorte de mini Live Aid pendant lequel elles se lancèrent, pseudo-catastrophées, dans la revue des toutes dernières misères du monde : mon-dieu-c’est-terrible-en-Palestine-et-Trump-tu-as-vu-ça-un-peu-plus-de-thé-au-gingembre-ma-chérie-ah-non-ne-ma-parle-pas-des-inondations-à-Valence.

 

La sérénité revint, cependant, lorsqu’elles furent appelées pour leur séance de cryothérapie collective, s’éclipsant dans leurs jolies pantoufles et somptueux peignoirs blancs monogrammés aux initiales du Country Club.

 

“Vous avez douze minutes de retard,” lança sèchement la brune, s’adressant à leur thérapeute attitrée, sans se douter qu’à cet instant précis, une nouvelle ride venait de se creuser sur sa lèvre supérieure.

 

Je me surpris à me demander si le problème de blocage de la porte de la cabine de cryothérapie avait été complètement résolu…

 

Au même moment, à la réception du spa, une jolie jeune fille nommée Karma changea la playlist et monta légèrement le volume.

 

Tiens ! Orinoco Flow.

 

Quelque part en Irlande, Enya éternua. Tching-tching fit son compte en banque!